La Chandeleur : une fête de la lumière et de la foi


Une fête aux origines païennes

Avant d’être une fête chrétienne, la Chandeleur trouve ses racines dans plusieurs traditions païennes liées à la lumière. Chez les Romains, on célébrait les Lupercales ainsi que les Feralia, fêtes en l’honneur des défunts, durant lesquelles des torches étaient allumées pour éloigner les ténèbres. Une autre célébration, les « Amburbiales », consistait en des processions aux flambeaux pour purifier la ville et invoquer la protection des dieux. De même, chez les Celtes, la fête d’Imbolc, dédiée à la déesse Brigid, marquait le retour de la lumière et annonçait la fin de l’hiver. Avec l’essor du christianisme, ces traditions ont été christianisées, et la Chandeleur est devenue la fête de la Présentation de Jésus au Temple, symbolisée par la bénédiction et la procession aux chandelles.

Origines chrétiennes de la Chandeleur

La Chandeleur, célébrée le 2 février, 40 jours après Noël, tire son nom du latin « candelarum », qui signifie « chandelles ». Son origine est directement liée à un épisode biblique : la Présentation de Jésus au Temple et la Purification de Marie, relatés dans l’Évangile selon saint Luc (Lc 2, 22-40).

La Présentation de Jésus au Temple et la rencontre avec Syméon

Selon la Loi juive, une femme devait se purifier 40 jours après l’accouchement en offrant un sacrifice (Lv 12, 1-8), et présenter le nouveau-né pour le racheter en faisant une offrande au Temple selon la loi de Moïse. Tout premier-né appartenait au Seigneur et devait lui être offert quand c’était du bétail ou être racheté si c’était un fils (Ex 13, 11-15). C’est pourquoi Marie et Joseph se rendent au Temple de Jérusalem pour présenter leur premier-né au Seigneur et le racheter et viennent offrir deux petites colombes selon le sacrifice prescrit. Là, ils rencontrent Syméon, un homme juste et pieux, à qui l’Esprit Saint avait promis qu’il verrait le Messie avant de mourir.

En prenant l’Enfant dans ses bras, Syméon prononce un chant prophétique, connu sous le nom du Cantique de Syméon (« Nunc dimittis« ), prié souvent le soir dans l’Église Catholique :

« Maintenant, Seigneur, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples : lumière pour éclairer les nations et gloire d’Israël, ton peuple. »

Ce passage révèle le sens véritable de la fête de la Chandeleur : Jésus est la Lumière venue illuminer le monde, et c’est ainsi que le reconnaît Syméon. C’est ainsi que s’est installée la tradition des processions aux chandelles dans l’Église à l’occasion de cette fête afin de célébrer le Christ Lumière du monde.

Pourquoi des crêpes ? Un symbole spirituel inattendu

Outre les processions et la bénédiction des cierges, la Chandeleur est aussi associée à une tradition populaire gourmande : la dégustation de crêpes. Mais pourquoi ?

Le pape Gélase (492-496) et les crêpes

Selon la tradition, le pape Gélase Ier aurait distribué des galettes aux pèlerins arrivant à Rome pour célébrer la fête de la Présentation de Jésus au Temple. Ces pèlerins, souvent fatigués et affamés après un long voyage, recevaient des « galettes de froment » pour se restaurer. Cette coutume aurait peu à peu évolué et se serait répandue dans d’autres régions sous forme de crêpes.

Une tradition paysanne teintée de superstition

Dans le monde rural, la Chandeleur marquait aussi une période charnière : on utilisait la farine restante de l’hiver pour préparer des crêpes, dans l’espoir d’une bonne récolte à venir. Une coutume voulait même qu’en faisant sauter la première crêpe avec une pièce d’or dans l’autre main, on s’assurait prospérité pour l’année !

Un symbole spirituel ?

Les crêpes, rondes et dorées, rappellent le soleil et la lumière, ce qui fait un beau lien avec la Chandeleur, fête de la « Lumière du Christ ». Le soleil est un symbole habituel pour le Christ (Ml 3, 20 ; Ap 21, 23 et 22, 5).

On peut aussi y voir une analogie avec la lune qui symbolise la Vierge Marie, « Aurore du salut » : la lune ne brille pas par elle-même, mais reflète la lumière du soleil, tout comme Marie et l’Église reflètent la lumière divine. En présentant Jésus au Temple, celle qui est déjà toute pure vient présenter au monde et donc à chacun de nous Celui qui est la Lumière des nations.

C’est aussi sans doute un rappel pour chacun de nous que nous sommes appelés à être une lumière pour les autres en reflétant la lumière du Christ (Mt 5, 14).

Cette tradition, ancrée dans le temps, a donc plusieurs dimensions : une origine chrétienne avec le pape Gélase, un lien avec les cycles agricoles et on peut y voir une symbolique de la lumière.

Vivre la Chandeleur aujourd’hui

Pour faire de cette fête un moment de foi et de partage, voici quelques idées :

  • Participer à une messe avec bénédiction des cierges.
  • Organiser une veillée aux chandelles en famille, en priant avec le Cantique de Syméon.
  • Réfléchir à la manière d’être une lumière pour les autres dans notre quotidien.
  • Partager un repas convivial de crêpes, en pensant à leur symbolique profonde.

Que cette fête nous aide à laisser la lumière du Christ rayonner en nous et autour de nous !

Voir aussi sur Aleteia Les crêpes et la Chandeleur et Les origines bibliques de la Chandeleur.

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