Les propositions autour du développement personnel sont de nos jours extrêmement foisonnantes. Il s’agit sans doute d’un des fruits avancés du personnalisme et de l’individualisme de nos sociétés, et il est devenu aujourd’hui comme une mode, comme un prisme par lequel toutes nos activités doivent être regardées, conduisant à un concept très englobant, multiforme, difficilement saisissable. Au fond, le développement personnel s’appuie sur le désir de se déployer, de donner le meilleur de soi, ou d’aller mieux. Nous portons en nous un désir de perfection, d’infini, exalté aujourd’hui par toutes les idées du développement personnel. Ce désir est très bon, il vient de Dieu qui veut qui nous aime infiniment personnellement, qui veut notre bonheur et veut nous rendre participant de sa divinité. Mais si ce désir est non régulé, il peut devenir démesuré, conduisant à une trop forte exaltation de l’ego, il peut aussi conduire à occulter toute la dimension communautaire et sociale. Protéiforme mais d’apparence toujours séduisante, le développement personnel est porté par des courants très variés, parfois dangereux quand il s’agit de fausses spiritualités, au risque de se laisser piéger. Enfin, ne soyons pas dupes, il s’agit d’un marché très juteux pour tous ceux qui savent en tirer profit. Le bien-être fait vendre actuellement.
Comment trouver les bons chemins du développement personnel sans s’égarer ? Comment rester juste ? Comment discerner les bonnes pratiques ?
Trois grands critères s’offrent à nous : connaître le courant spirituel et philosophique portant une pratique ; garder un esprit critique dans l’évaluation d’une pratique ; vérifier qu’une juste place est laissée à Dieu par rapport à notre être fini.
Une pratique thérapeutique, ou de relaxation, de méditation, de bien-être, est toujours reliée à une source philosophique ou spirituelle. Il est indispensable d’identifier cette source parce qu’elle permet de connaître l’identité profonde de la pratique en question, ses principes sous-jacents. Malgré les prétentions de certaines pratiques d’avoir été vidées de leur spiritualité, les principes originels ne peuvent être annulés, les courants spirituels, même cachés, demeurent. Par exemple, le Yoga garde une orientation spirituelle, il reste porté par une philosophie et une anthropologie venant des spiritualités hindouistes. Peut-il vraiment exister un yoga « laïque » quand ses principes sont spirituels ?
En toute chose il faut garder du bon sens et une certaine dose d’esprit critique. Il faut se garder de ne pas trop vite se laisser séduire par les promesses de mieux-être.
Un peu d’esprit rationnel ne fera pas de mal dans l’évaluation d’une pratique. Certes, la science ne répond pas de tout, elle n’explique pas tout, mais un peu d’esprit scientifique donne une certaine retenue et préserve d’une trop grande crédulité. Il permet au moins de savoir ce qui est démontrable et ce qui ne l’est pas (encore), de comparer, d’analyser ce qui peut l’être… Par exemple, en voyant qu’on trouve un peu tout et son contraire quant au pouvoir affiché de certains cristaux, on se gardera d’y accorder une trop grande foi (et d’y dépenser trop d’argent) et on se contentera de les apprécier pour leur beauté.
Un peu de jugement moral sera aussi le bienvenu. Observer sous l’angle moral dans le temps les effets d’une pratique et les comportements induits est indispensable.
Un grand critère est aussi la place de Dieu. Une bonne pratique de développement personnel garde Dieu au centre. Le véritable développement personnel ne peut en fait pas être autocentré, il ne peut pas être totalement autonome. Notre finitude doit être acceptée (notre désir d’infini ne peut pas être assouvi en dehors de Dieu, seul infini) et elle doit nous tourner vers Dieu. Dieu est à la source de ce que nous sommes, c’est de lui que nous tenons toutes nos qualités, capacités et potentialités, et c’est donc lui qui, à chaque instant, peut nous aider à les déployer, à révéler nos ressources intérieures encore cachées. Un vrai développement personnel ne se fait pas selon un principe immanent (« Je suis ma propre source et je n’ai donc pas de limites, ou alors Dieu est la source mais je le possède déjà totalement en moi »), mais selon un principe transcendant (« Dieu est la source au départ, au-delà de moi, et il l’est encore à chaque instant pour actualiser les potentialités qu’il m’a données »). Le vrai développement personnel est centré sur Dieu, évitant ainsi les pièges de l’ego, mais aussi les pièges d’un individualisme exagéré puisque Dieu met toujours en relation avec les autres.
Soyons heureux et épanouis, mais toujours grâce à Dieu !