La couronne, un symbole familier qui ouvre l’Avent
La couronne de l’Avent fait partie de ces symboles familiers que l’on retrouve avec joie lorsque Noël approche — vendue dans des boutiques, posée sur une table, placée à l’entrée d’une maison, ou suspendue dans une église — sans toujours en connaître la profondeur et l’histoire. Objet décoratif devenu parfois très commercial, elle demeure pourtant, pour les croyants, un petit signe spirituel, une manière d’entrer dans ce temps d’attente qui mène jusqu’à Noël.
D’où vient cette couronne ? Que signifie-t-elle exactement ? Comment peut-elle nourrir notre prière et notre vie intérieure en ces semaines d’Avent ? Connaissons-nous vraiment la couronne de l’Avent ?

Origine historique : un symbole plus récent qu’on ne le croit
On l’imagine volontiers très ancienne, mais la couronne de l’Avent est en réalité une tradition relativement récente.
Ses racines remontent au XVIᵉ siècle dans le monde germanique, où l’on décorait les maisons de couronnes d’hiver : anneaux de verdure accrochés aux portes ou suspendus aux fenêtres, signes de protection et de bénédiction dans la saison sombre.
La forme actuelle apparaît au XIXᵉ siècle dans le protestantisme allemand. Les premières couronnes comportaient parfois une bougie pour chaque jour de l’Avent, allumée dans les orphelinats et les familles pour marquer la route vers Noël. Peu à peu, l’usage s’est simplifié autour de quatre bougies correspondant aux dimanches précédant Noël.
La tradition s’est ensuite diffusée dans d’autres Églises chrétiennes au cours du XXᵉ siècle, notamment dans le catholicisme et les communautés anglophones. Aujourd’hui, elle est largement partagée dans de nombreuses confessions : catholique, protestante, anglicane, évangélique… Un beau témoignage de richesse œcuménique.
Son sens originel demeure limpide : ramener la lumière dans les jours sombres de l’hiver qui raccourcissent, veiller, se préparer intérieurement à Noël, et tourner le cœur vers Celui que les chrétiens reconnaissent comme Lumière du monde.
Le saviez-vous ?
L’origine de la couronne de l’Avent est attribuée à Johann Hinrich Wichern, un pasteur luthérien allemand du XIXᵉ siècle (1808-1881), pionnier du travail social.
Wichern s’occupait d’enfants pauvres et orphelins dans un foyer de Hambourg. L’Avent approchant, les enfants lui demandaient sans cesse :
« Est-ce que Noël arrive bientôt ? »
Pour leur faire comprendre le passage du temps et les aider à patienter, il eut l’idée de fabriquer une grande roue en bois, suspendue au plafond :
- 24 petites bougies pour chaque jour de l’Avent,
- 4 grandes bougies pour les dimanches.
Chaque jour, il en allumait une de plus. La couronne devint un signe de joie et d’espérance pour ces enfants, et très vite une tradition se répandit dans tout le protestantisme allemand… puis au-delà.
Plus tard, on abandonna les 24 petites bougies pour ne garder que les 4 dominicales. La couronne devint alors l’objet que nous connaissons : cercle de verdure, lumière progressive, attente de Noël.
La symbolique fondamentale : éternité, espérance, foi
Le cercle
La forme ronde, sans début ni fin, évoque l’éternité de Dieu, sa fidélité, la solidité de son alliance. Elle rappelle que le temps liturgique n’est pas une simple succession de jours, mais une marche vers Celui qui est l’Alpha et l’Oméga, le commencement et la fin.
La verdure
Traditionnellement en sapin ou en végétation persistante, la couronne porte la promesse de la vie, même au cœur de l’hiver. Cette verdure exprime l’espérance : la certitude que la vie de Dieu demeure présente lorsque tout semble endormi. Cette espérance, c’est celle qui resplendit à Noël dans la promesse du salut qui s’accomplit dans la naissance de l’enfant Jésus.
C’est une invitation à veiller, à garder vivant en soi le désir de la lumière.
Les bougies
La lumière est l’âme de la couronne. Chaque flamme dit l’essentiel : la vie l’emporte sur la nuit, la foi grandit au fil des jours, et l’attente devient veille, puis joie.
Allumer une bougie, c’est poser un geste à la fois banal et spirituellement fort. De manière très simple, il signifie le refus de la résignation, la volonté de laisser entrer la lumière, le désir d’ouvrir son cœur à Dieu. C’est mettre sa foi dans le Christ qui donne le salut au monde.
Les quatre bougies : les quatre dimanches de l’Avent
La conception de la couronne est directement liée au rythme des quatre dimanches de l’Avent. Chaque semaine, une nouvelle flamme s’ajoute, marquant une progression vers Noël.
Les traditions chrétiennes ne donnent pas toutes les mêmes noms aux bougies — et c’est une belle richesse. On trouve notamment :
- 1er dimanche : l’attente, la promesse, les patriarches
- 2e dimanche : la foi, les prophètes
- 3e dimanche : les bergers, la joie (dans la tradition catholique, cette joie – Gaudete – est parfois associée à la couleur rose, couleur de l’aurore).
- 4e dimanche : la paix, Marie, l’accomplissement de la promesse
Ces variations montrent qu’il n’y a pas une seule manière de vivre l’Avent, mais une pluralité de chemins pour se préparer à accueillir le Sauveur du monde.
Les usages d’hier : un objet de lumière dans la nuit
Dans ses formes anciennes, la couronne de l’Avent accompagnait les familles pendant les longues soirées d’hiver.
Accrochée aux portes ou suspendue dans les maisons, elle signifiait le passage d’une saison à l’autre, la protection, la fidélité de Dieu dans les ténèbres.
Autour de la lumière, on se rassemblait : un chant, une prière, un petit moment partagé. Elle rythmait l’attente et préparait doucement les cœurs à la fête de Noël.
Les usages d’aujourd’hui : décor, prière, rituel familial
Dans la maison
Beaucoup déposent la couronne au centre de la table ou sur une commode. Pour certains, elle reste un élément décoratif ; pour d’autres, elle est le symbole du chemin spirituel qui mène à Noël.
Dans la prière
Dans le cadre de la prière familiale, quotidienne ou hebdomadaire, la couronne de l’Avent trouve évidemment toute sa place :
- on allume la bougie du dimanche,
- on lit un verset bref,
- on confie une intention,
- on chante un refrain.
- on partage ses espérances, ses attentes.
Ces gestes créent un espace intérieur où la Parole peut devenir lumière.
En communauté d’Église
Dans de nombreuses Églises — catholiques, protestantes, anglicanes ou évangéliques — la couronne trouve sa place près de l’autel, à l’entrée du lieu de culte ou dans un coin de prière.
Chaque dimanche, l’allumage progressif des bougies réunit la communauté dans une même espérance, en route vers la fête de la Nativité.
La couronne aujourd’hui : apprendre à attendre
La couronne de l’Avent est une pédagogie de la lenteur et de la patience. On n’allume pas toutes les bougies en même temps : on avance doucement, on laisse la lumière croître, on apprend à habiter le temps plutôt qu’à le consommer. Elle balise un chemin où chacun peut essayer de vivre davantage en chrétien, partageant l’amour de Jésus.
Elle nous aide à préparer notre cœur : accueillir la lumière du Christ, laisser grandir en nous l’espérance, la paix, la joie. Attendre, c’est se préparer, et c’est déjà commencer à entrer dans la fête. En ce sens, elle devient une véritable école de l’espérance, où chaque flamme éclaire un pas de plus vers la joie de Noël et la rend un peu présente.
Petite prière pour vivre l’Avent
Seigneur,
En ces jours d’attente,
allume en nous la lumière de ta paix.
Que chaque flamme de cette couronne
fasse grandir notre espérance,
ravive notre joie,
nourrisse notre charité
et ouvre nos cœurs à ta venue.
Toi qui es la Lumière du monde,
viens éclairer notre nuit,
viens marcher avec nous.
Amen.
